Effectivement, je dois vous en parler. Tout a débuté par une belle matinée ensoleillée, quelque peu différente de nos deux jours pluvieux en Uruguay. Nous marchons sur la grande avenue Cordoba, main dans la main, quand une dame me tape sur l'épaule. Elle me pointe une tache blanche sur mon pantalon. Dans notre compréhension approximative de l'espagnol, nous en déduisons que de la peinture nous a dégouliné dessus. Effectivement, mes pantalons, la robe de Sophie et mon sac à dos sont aspergés de gouttelettes blanches s'apparentant à de la peinture. Bien aimables, les deux dames nous donnent des Kleenex pour essuyer le dégât. Nous nous tassons sur le côté afin de ne pas nuire à la circulation. Et c'est là que l'arnaque se met en branle. Afin d'essuyer mon sac à dos, je l'enlève et je frotte un peu partout. Occupé à tout nettoyer, je ne vois pas que Sophie s'est fait amener plus loin par la deuxième dame, qui tenait absolument à lui expliquer d'où provenait la peinture. Je mets donc mon sac par terre, accoté sur ma jambe, afin d'enlever d'autre peinture. La dame, toujours aussi aidante, me pointe une grosse tache dans le dos. Je me retourne donc pour l'essuyer. Pendant ce temps, un homme, que je n'ai jamais vu venir, décide de faire du lèche-vitrines à côté de moi. Oh oh... Je suis affairé à nettoyer mon dos, avec la dame qui me pointe toutes les taches imaginables, pendant que le type à côté de moi se penche lentement vers mon sac. Une chance que je n'étais pas complètement tourné car le type était penché, subtilement, sur mon sac à dos. D'un mouvement sec je me retourne, ce qui a plutôt surpris le gars qui, d'un air de "j'ai rien fait", s'est remonté les culottes et est parti illico. Cette vision du gars qui se penche sur mon sac va rester gravée à tout jamais dans ma mémoire, c'est certain. J'ai donc empoigné mon sac et c'est là que j'ai réalisé que Sophie était à 50 mètres de moi. Je me suis dirigé directement vers elle et lui ai dit que c'était une arnaque. Les dames sont parties aussi rapidement qu'elles étaient venues.
Sur le coup, je ne me suis pas énervé, cherchant plutôt à comprendre ce qui venait de se passer. Quelques instant après l'événement, je me suis senti atteint dans mon orgueil. Moi, un gars, je ne pouvais pas me faire avoir aussi bêtement que ça. Nous étions tombés directement dans le panneau. Sophie m'a dit que ce sont les voleurs qui devraient être blessés dans leur orgueil, car ils n'avaient pas réussi à nous avoir. Elle a sûrement raison, mais je reste un gars.
La version de Sophie, abrégée: Je ne comprenais pas pourquoi la madame tenait tant que ça à me montrer d'où venait la peinture, et à vrai dire je m'en foutais pas mal, mais je ne voulais pas lui faire de peine, elle était si gentille. Par contre, je trouvais tout cela bien louche, mais je pensais que je paranoïais. Il faut dire que je me suis souvent fait voler en voyage, mais ça fait longtemps et mes réflexes ne sont plus aussi aiguisés.
Après, on s'est trouvés un peu cons. Mais c'est facile de voir la combine, après...
Ce qui nous a aussi "enduits d'erreur", c'est l'aspect soigné des dames. Bien habillées, l'une de notre âge, l'autre de l'âge de notre mère. Difficile d'imaginer qu'elles pouvaient nous vouloir du mal. Comme quoi les voleurs ne sont pas seulement les voyous qu'on s'imagine. Et vlan pour les préjugés!
Merci à tous ceux qui nous ont suivi durant nos aventures, merci à Michèle et Éric d'avoir fait parti de notre périple et merci à Pat et Rog pour votre petit carnet.
Sophie remercie tout le monde aussi! (le taxi qui nous mène à l'aéroport nous attend...)